Pendant ce temps-là, à Karaz-a-Karak (partie 1)

Kragg le Sévère feuilleta le vieux tome de sa bibliothèque à nouveau. Installé aussi confortablement que possible dans son trône de pierre, des murs entiers de parchemins, enluminures et tablettes lui faisaient face. Personne n’avait pénétré dans cette pièce, à part lui, depuis des années. Karaz-a-Karak était son domaine au sein du Grand Royaume nain. Ses travaux ne souffraient aucun retard, grâce aux financements générés par ses propres mines et une main d’œuvre illimitée accordée par Thorgrim, dit le Rancunier, célèbre Haut-Roi des Nains.

Kragg était l’un des plus vieux Nains en vie. Sa barbe blanche atteignait le sol, et imposait le respect parmi tout son peuple. Kragg était la mémoire vivante de son peuple, doté d’un savoir ancestral qu’il se gardait bien de transmettre. Après tout, quel Maître des Runes était assez méritant pour recevoir son enseignement.

A travers la sphère CabalVision HD, Kragg avait assisté à la finale de la saison 7 de la Ligue du Vieux Monde. Aussi loin qu’il puisse s’en rappeler, il avait toujours pris un plaisir coupable à suivre les grandes compétitions de ce sport. N’était-ce pas lui qui avait fondé les Dwarf Giants, cette équipe passée à la postérité pour ses nombreux trophées ?

A la dernière seconde de la finale, en voyant les Croutards célébrer leur seconde victoire consécutive, un engrenage s’était comme mis en branle dans le cerveau de Kragg. Cet engrenage avait mis en mouvement des rouages, des poulies mentales qui avaient fait ressurgir, enfouie depuis des centaines d’années, un lointain souvenir bien caché au sein de l’incroyable machinerie qui lui faisait office de cerveau. Kragg s’était précipité dans sa bibliothèque personnelle, avait jeté à base des étagères entières pour retrouver un passage qu’il se devait de relire pour en être sûr. La recherche avait pris du temps. Il n’avait plus connu cet état de fébrilité depuis longtemps. Il était sûr d’avoir lu, il y a désormais des éons, une prophétie qui disait…

Il y était, c’était cette page, ce tome. Il avait lentement dépoussiéré cet ouvrage qui croupissait sur une étagère entre quelques tablettes runiques. C’était un journal personnel d’Alaric le fou, le célèbre Maître des Runes ayant forgé Ghal-Maraz, le célèbre marteau de Sigmar. Ce journal recensait les prophéties oubliées du peuple nain, incomprises, illisibles et non-élucidées qui passionnaient Alaric.

Il sortit ses lorgnons de sous sa tunique. Sa vue avait baissé ce dernier siècle. Son doigt noueux parcourut la page et se stabilisa sur les premiers mots.

Je veux la suite !!